Situation -> Madame L, 91 ans, atteinte de la maladie d'Alzheimer (stade modéré), refuse la toilette depuis 3 jours : cris, agitation, opposition aux soins.
Quelles sont vos actions à court et moyen terme ?
Réponse ->
A court terme
1) Sécuriser et évaluer avant d’insister
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Stopper l’escalade : si elle crie, s’agite, se débat → on interrompt et on revient plus tard (objectif : éviter un vécu traumatique et un soin “en force”).
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Évaluer rapidement ce qui déclenche :
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douleur (arthrose, escarres, mycose, constipation, infection urinaire…)
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inconfort (froid, pudeur, position, fatigue)
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anxiété / délire / peur (ne reconnaît pas le soignant, se sent agressée)
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besoin d’uriner / faim / soif
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moment de la journée (toilette trop tôt, “sundowning” en fin de journée)
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Constantes / signes d’alerte si changement récent : fièvre, confusion augmentée, douleur nouvelle, odeur urines, rétention, chute, lésions cutanées.
2) Adapter la communication (approche relationnelle)
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Arriver calmement, se mettre à hauteur, se présenter à chaque fois, parler lentement.
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Valider l’émotion : “Je vois que ça vous inquiète / que ça vous met en colère.”
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Éviter la confrontation : ne pas dire “il faut”, éviter “mais si”.
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Donner un choix simple (2 options max) :
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“Vous préférez laver le visage ou les mains d’abord ?”
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“Vous voulez Madame X (soignante) ou moi ?”
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Expliquer geste par geste + demander l’accord à chaque étape.
3) Modifier le soin : objectif = hygiène minimale + confort, pas “toilette parfaite”
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Proposer une toilette partielle (visage/mains/aisselles/siège) au lieu d’une toilette complète.
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Fractionner : 5 minutes maintenant, 5 minutes plus tard.
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Favoriser ce qui marche souvent :
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serviette chaude, pièce chauffée, couvrir les zones non lavées (pudeur)
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musique qu’elle aime, objet rassurant
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laisser faire ce qu’elle peut (auto-toilette guidée : “vous lavez votre bras, je fais le dos”)
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Si refus du bain/douche : proposer gant + sans rinçage, ou shampoing sec si besoin.
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Préserver la dignité : limiter le nombre de soignants présents, gestes lents, prévenir avant de toucher.
4) Travailler en équipe et tracer
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Transmettre aux collègues : ce qui a déclenché / ce qui a calmé, le moment, la personne avec qui ça passe mieux.
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Tracer : refus, comportements, tentative d’adaptation, tolérance, état cutané, risques (macération, rougeurs, odeur, lésions).
5) Informer le médecin si suspicion somatique ou changement de comportement
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Si douleur probable : demander évaluation et adaptation antalgiques.
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Si suspicion infection/constipation/déshydratation : bilan clinique, éventuellement BU/ECBU selon protocole, etc.
(Le refus de toilette “nouveau” chez une personne Alzheimer = toujours penser cause médicale avant tout.)
À moyen terme
1) Plan de soins individualisé “toilette”
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Identifier son meilleur moment (souvent après petit-déj, ou après repos).
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Définir une stratégie stable :
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mêmes mots, mêmes étapes, même ordre
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si possible mêmes soignants référents
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Mettre un “rituel” (ex : toilette + crème mains + parfum léger qu’elle reconnaît).
2) Approche centrée sur la personne (biographie)
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Recueillir auprès des proches :
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habitudes (douche le soir ? gant ? intimité ? pudeur ?)
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ce qu’elle aimait (musique, parfum, tenue, coquetterie)
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ce qu’elle détestait (eau sur le visage, cheveux mouillés, être nue…)
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Adapter en conséquence (parfois juste “ne pas déshabiller entièrement” change tout).
3) Prévention des complications liées au refus
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Surveiller et prévenir : lésions cutanées, macération, mycoses, escarres, odeurs, inconfort intime.
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Renforcer soins de confort : change, hydratation cutanée, soins de bouche, ongles, coiffage doux.
4) Analyse des troubles du comportement (type ABC)
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Antecedent : quand / avec qui / où / comment ça commence ?
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Behavior : cris, coups, fuite, pleurs…
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Consequences : qu’est-ce qui apaise ? qu’est-ce qui aggrave ?
→ Ça permet de construire une conduite commune d’équipe.
5) Si refus persistant + mise en danger : staff éthique / réévaluation
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Discuter en équipe + cadre + médecin : jusqu’où insister ? quelles alternatives acceptables ?
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Impliquer la famille / représentant légal : expliquer le risque, chercher des solutions respectueuses.
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La contention / sédation “pour faire la toilette” = dernier recours, très encadré, et uniquement si bénéfice/risque clairement argumenté.
Petites “astuces” qui marchent souvent
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“On se prépare pour sortir / pour recevoir quelqu’un” (donner du sens).
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Proposer “on se lave les mains” puis enchaîner doucement.
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Serviette chaude sur les épaules + couvrir le ventre/jambes.
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Laisser tenir le gant, même si le geste est maladroit : sentiment de contrôle.
Voilà, le refus de soins n’a plus de secret pour vous ! Et s’il en reste, écrivez-moi, je me ferai un plaisir de vous répondre !
Mail -> info@soutien-ifsi.fr
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