Cours - L’agitation psychomotrice et les urgences psychiatriques
définition de l’agitation psychomotrice
l’agitation est un état d’hyperactivité motrice et psychique avec impossibilité pour la personne de rester calme.
c’est un symptôme non spécifique, qui peut apparaître dans :
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une maladie psychiatrique
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une pathologie somatique
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une intoxication à une substance
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un sevrage
elle peut être transitoire ou durable, légère ou sévère.
enjeux de l’agitation en urgence
l’agitation est une urgence potentiellement vitale, car elle expose à :
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un risque de violence
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un risque de passage à l’acte
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un risque de blessure pour le patient
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un risque pour les soignants
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un risque somatique associé non diagnostiqué
l’objectif principal est toujours la sécurité.
critères d’urgence et de gravité
un état d’agitation est considéré comme grave si l’on observe :
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impossibilité d’établir un contact
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agressivité majeure
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violence incontrôlable
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agitation extrême
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état délirant intense
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hallucinations
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intoxication alcool ou drogue associée
des signes de danger immédiat peuvent être :
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patient armé
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menaces de mort
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destruction de l’environnement
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prise de toxique
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animaux dangereux à proximité
causes possibles de l’agitation
causes psychiatriques
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troubles de l’humeur
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troubles psychotiques
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troubles anxieux
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trouble borderline
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troubles du comportement
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tdh
causes somatiques
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hypoglycémie
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fièvre élevée
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douleur intense
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traumatisme crânien
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infection
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sevrage alcoolique
causes toxiques
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alcool
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cannabis
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cocaïne
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amphétamines
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médicaments
principe fondamental :
tout patient sans antécédent psychiatrique est suspect d’une cause organique jusqu’à preuve du contraire.
diagnostic de l’agitation
le diagnostic est :
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exclusivement clinique
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posé dès l’arrivée du patient
le plus important est le diagnostic étiologique, c’est-à-dire la recherche de la cause.
tout patient agité doit être exploré :
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sur le plan psychique
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sur le plan somatique
principes généraux de la prise en charge
la prise en charge repose sur trois piliers :
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l’approche relationnelle
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le traitement médicamenteux
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l’isolement et la contention si nécessaire
l’objectif n’est pas de punir, mais de protéger.
l’approche relationnelle
elle doit toujours être la première intention.
principes essentiels :
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rester à distance de sécurité
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se présenter clairement
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parler calmement
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adopter une attitude ferme et bienveillante
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montrer de l’empathie
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chercher à comprendre la cause de l’agitation
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éviter l’escalade
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éviter la provocation
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éviter la banalisation ou la dramatisation
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changer d’interlocuteur si nécessaire
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désigner un leader dans l’équipe
la désescalade verbale
elle repose sur :
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une voix calme et posée
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des mouvements lents
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les mains visibles
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le visage détendu
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des phrases courtes
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l’absence de jugement
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l’absence de menace
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ne pas répondre aux insultes
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laisser éventuellement le patient avoir le dernier mot
le traitement médicamenteux de l’urgence
il est utilisé si l’approche relationnelle est insuffisante.
principes :
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privilégier la voie orale
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utiliser la voie intramusculaire si nécessaire
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calmer sans endormir excessivement
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viser les symptômes sous-jacents
les benzodiazépines sont souvent utilisées en première intention.
l’isolement et la contention
définition de l’isolement
l’isolement consiste à placer le patient dans une pièce sécurisée dont il ne peut sortir librement, à visée de protection.
définition de la contention
la contention est une immobilisation partielle ou totale du patient à l’aide d’un dispositif fixé au lit ou au brancard.
indications de l’isolement et de la contention
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danger immédiat pour le patient ou autrui
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échec des mesures relationnelles
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impossibilité de contrôler l’agitation autrement
contre-indications
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punition
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confort de l’équipe
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manque de personnel
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anxiété des soignants
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pathologie somatique non stabilisée
l’isolement et la contention sont des mesures exceptionnelles, temporaires et strictement encadrées.
surveillance infirmière d’un patient isolé ou contenu
la surveillance est renforcée et tracée.
elle comprend :
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paramètres vitaux
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état de conscience
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comportement
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agitation
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état cutané
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douleur
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hydratation
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diurèse
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confort
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maintien du lien verbal
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repères temporels et spatiaux
tout doit être noté :
heure de début, heure de fin, évolution clinique, incidents.
crise d’angoisse aiguë et agitation
la crise d’angoisse peut mimer une agitation.
signes physiques :
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hyperventilation
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tachycardie
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sueurs
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tremblements
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oppression thoracique
signes psychiques :
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peur intense
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sensation de mort imminente
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pensées catastrophistes
signes comportementaux :
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agitation
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sidération
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fuite
rôle infirmier pendant une crise
pendant la crise :
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mettre à l’écart des stimuli
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favoriser une respiration lente
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parler avec une voix calme
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se présenter et expliquer sa présence
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reconnaître la souffrance
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éviter les gestes brusques
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rester rassurant
après la crise :
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revenir sur les faits simplement
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rassurer
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expliquer ce qui s’est passé
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impliquer l’entourage si possible
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rappeler les règles hygiéno-diététiques
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encourager les techniques de respiration
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participer à la déstigmatisation