Cours - Mécanismes physiopathologiques
La physiopathologie est l'étude des processus par lesquels une agression (infectieuse, traumatique, toxique, auto-immune…) entraîne des anomalies de fonctionnement, conduisant aux signes cliniques observés chez le patient.
Elle explique le passage de l’état normal à l’état pathologique.
L’inflammation : premier mécanisme physiopathologique
L’inflammation est une réaction de défense initiée dès qu’un tissu est agressé.
Déclenchement
-
Franchissement d’une barrière protectrice (peau, muqueuse)
-
Détection du danger par les cellules sentinelles (mastocytes, macrophages)
-
Libération immédiate de médiateurs inflammatoires : histamine, cytokines, prostaglandines…
Mécanismes physiopathologiques
-
Vasodilatation → rougeur + chaleur
-
Augmentation de la perméabilité vasculaire → œdème
-
Sensibilisation nerveuse → douleur
-
Recrutement de cellules immunitaires → neutrophiles, macrophages
-
Activation du complément → destruction des pathogènes
Résultat
Les 4 signes cardinaux :
rougeur – chaleur – douleur – gonflement
Réponse immunitaire : innée puis adaptative
Immunité innée (immédiate)
-
Reconnaissance non spécifique du danger
-
Phagocytose par neutrophiles et macrophages
-
Cellules NK : destruction des cellules anormales
-
Activation du complément
Immunité adaptative (spécifique)
-
Activation des lymphocytes B → production d’anticorps
-
Activation des lymphocytes T CD4 → coordination
-
Activation des lymphocytes T CD8 → destruction ciblée
-
Installation d’une mémoire immunitaire
Défaillances possibles
-
Immunité insuffisante → infections sévères
-
Réaction excessive → allergies, choc anaphylactique
-
Mauvaise reconnaissance → maladies auto-immunes
-
Réponse persistante → inflammation chronique
Atteintes cellulaires et tissulaires
Quand un tissu est agressé, plusieurs processus se mettent en place.
Nécrose
Mort cellulaire brutale → réaction inflammatoire importante.
Apoptose
Mort cellulaire programmée → sans inflammation, mécanisme normal ou pathologique (ex : virus).
Fibrose
Cicatrisation excessive → perte progressive de fonction (poumon, foie, rein).
Ischémie / hypoxie
Manque d’oxygène → souffrance cellulaire → accumulation de déchets → nécrose si prolongé.
Physiopathologie des infections
Étapes principales
-
Entrée du pathogène (peau, muqueuses, inhalation, digestion…)
-
Multiplication dans l’organisme
-
Évitement des défenses (toxines, inhibition immunitaire…)
-
Réponse inflammatoire déclenchée par l’hôte
-
Équilibre ou déséquilibre
Toxines et invasions
-
Les bactéries peuvent produire des toxines détruisant les tissus.
-
Les virus utilisent les cellules comme “usines” à réplication.
Fièvre : mécanisme
-
Libération de cytokines inflammatoires
-
Action sur l’hypothalamus
-
Augmentation de la température corporelle
-
Frissons → montée thermique
Mécanismes physiopathologiques systémiques
Lorsque l’inflammation déborde du foyer initial, elle devient systémique.
Syndrome inflammatoire généralisé
-
fièvre
-
tachycardie
-
tachypnée
-
augmentation des protéines inflammatoires (CRP, fibrinogène…)
Sepsis
Infection + dérèglement inflammatoire généralisé :
-
vasodilatation massive
-
fuite capillaire
-
chute de tension
-
risque de défaillances d'organes
Choc septique
Stade ultime du sepsis :
-
hypotension très sévère
-
défaillance multi-organes (rein, cœur, cerveau…)
Mécanismes physiopathologiques neurologiques
Atteintes directes
-
virus neurotropes
-
toxines
-
ischémie cérébrale
-
traumatisme
Atteintes indirectes
-
inflammation systémique
-
embolies infectieuses
-
désordre métabolique (hypoglycémie, hyponatrémie)
Conséquences :
-
confusion
-
convulsions
-
troubles de conscience
-
déficits neurologiques
Mécanismes cardiovasculaires
Atteinte cardiaque
-
ischémie myocardique → infarctus
-
inflammation → myocardite
-
surcharge → insuffisance cardiaque
Atteinte vasculaire
-
vasodilatation excessive
-
vasoconstriction prolongée
-
hypercoagulabilité → risques de thromboses
Exemple d’application : physiopathologie d’une infection pulmonaire
-
Inhalation d’un agent infectieux
-
Colonisation des bronches ou alvéoles
-
Réponse inflammatoire locale → œdème + exsudat
-
Difficulté aux échanges gazeux
-
Symptômes : fièvre, toux, expectoration, essoufflement
-
Risque de passage dans le sang → sepsis
Exemple complet : physiopathologie de la tuberculose
Phase 1 : pré-immune
-
inhalation du bacille
-
arrivée aux alvéoles
-
phagocytose
-
multiplication intracellulaire
-
formation d’un foyer primaire
Phase 2 : immune (2 à 3 semaines)
-
activation lymphocytaire
-
formation du tubercule
-
soit contrôle, soit dissémination
Phase 3 : secondaire (réactivation)
-
survenant des années plus tard
-
apparition de cavernes pulmonaires
-
forte contagiosité
Conclusion
Les mécanismes physiopathologiques sont :
-
universels (inflammation, immunité, atteinte cellulaire…)
-
interconnectés
-
responsables des symptômes observés
Comprendre ces mécanismes permet :
-
d’interpréter les signes cliniques,
-
d'analyser les examens complémentaires,
-
de comprendre les traitements.