Cours - La psychologie cognitive

Définitions

Qu’est-ce que la psychologie cognitive ?

La psychologie cognitive étudie la manière dont l’être humain :

  • acquiert des informations provenant de son environnement,

  • les traite, les interprète,

  • et s’y adapte en mettant en œuvre des comportements et des pensées.

L’environnement englobe :

  • le monde extérieur (stimuli physiques, interactions sociales),

  • et le monde intérieur (sensations corporelles, pensées, émotions).

La psychologie cognitive est une science située au carrefour :

  • des sciences humaines (sociologie, anthropologie, psychologie sociale),

  • de la biologie (sensations, organes sensoriels),

  • et de la neurologie (structures cérébrales).

Définition de “cognitif”

Le terme « cognitif » renvoie à tout ce qui permet de connaître, de comprendre et de penser.

Les cognitions

Les cognitions regroupent les fonctions mentales supérieures :

  • perception

  • attention

  • mémoire

  • langage

  • raisonnement

  • prise de décision

  • action

Elles fonctionnent ensemble comme les étapes d’un traitement de l’information.

Applications cliniques

Neuropsychologie

  • Discipline qui évalue précisément les fonctions cognitives.

  • Très utilisée pour les patients ayant subi un traumatisme crânien, un AVC, ou souffrant de démences (maladie d'Alzheimer…).

Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

  • Utilisent les principes du traitement de l’information et de l’apprentissage pour modifier pensées et comportements.

  • Indiquées notamment pour :

    • TOC

    • troubles alimentaires

    • addictions

    • phobies, anxiété

    • dépression

Concepts clés : Le traitement de l’information

Le traitement de l’information est une activité neuro-bio-psycho-sociale :
le corps, le cerveau, les émotions et le contexte social participent.

Cette activité est rapide, automatique et souvent inconsciente : c’est l’inconscient cognitif.

Les 7 étapes du traitement de l’information

1. Perception

Construction mentale à partir de ce que captent les sens.
Exemple : Je sens des gouttes → je suis dehors → il pleut.

2. Attention

Sélection des informations pertinentes, selon notre expérience et notre état du moment.

3. Traitement cognitif

Activation des connaissances nécessaires pour comprendre la situation (ex : représentation mentale du mot « pluie »).

4. Catégorisation

Identifier et classer l’information : Quel type de pluie ? Quelle intensité ?

5. Mémorisation

S’appuyer sur ses expériences antérieures : Ai-je déjà vécu ce type de pluie ?

6. Raisonnement

Déduction d’un comportement adapté : Que dois-je faire ?

7. Communication / Action

Mise en œuvre : Je me mets à l’abri → j’agis.

Influence de variables individuelles

Ces étapes sont modulées par :

  • l’âge,

  • l’humeur,

  • la fatigue,

  • la disponibilité cognitive,

  • les connaissances,

  • les émotions.

Perception – Construire le monde

Sensation vs Perception

  • Sensation : information brute envoyée par les sens.

  • Perception : interprétation de ces sensations, basée sur l’expérience.

Automatisation et inconscience

La perception est rapide, toujours active, et largement involontaire.

Habitudes cognitives – L’effet Stroop

L’expérience de Stroop (1935) montre :

  • certaines activités (comme lire) deviennent automatiques ;

  • ces automatismes peuvent interférer avec d’autres tâches (nommer une couleur) ;

  • il faut parfois inhiber une habitude pour réaliser une tâche correctement.

Exemple : l’enfant non lecteur réussit mieux que l’adulte car il n’a pas cette automatisation.

Économie cognitive et affordance

Économie cognitive (Gibson)

Le cerveau cherche toujours à économiser l’énergie cognitive, ce qui conduit à :

  • utiliser des raccourcis ;

  • percevoir selon des régularités ;

  • construire des stéréotypes.

Affordance

La perception d’un objet inclut immédiatement la tendance à agir avec lui.
Exemple : un téléphone qui sonne → envie de décrocher.

Se percevoir : Schéma corporel

La perception de soi est une construction mentale, fondée sur :

  • sensations,

  • apprentissages,

  • expériences.

Le schéma corporel est l’image intégrée de notre propre corps.

Attention

L’attention :

  • sélectionne les informations pertinentes ;

  • facilite apprentissage, mémoire et action ;

  • est modulée par la vigilance, la faim, la fatigue, le stress…

Stimuli inhabituels → hausse de vigilance.

Représentation mentale

La représentation mentale est :

  • un stockage de l’information (mémoire),

  • et une image mentale mobilisable (mots, images, procédures).

Elle est à la base de :

  • la symbolisation,

  • le dessin,

  • l’organisation des souvenirs,

  • l’inconscient cognitif (image de soi, idéaux…).

La mémoire

Définition

Capacité à stocker, conserver et retrouver l’information.

Importance

Sans mémoire, aucune autonomie possible.

Fonctionnement

Impliquant plusieurs zones du cerveau.

Processus mnésique

  1. Encodage : transformer l’information.

  2. Rétention : conserver et activer un souvenir.

  3. Rappel : retrouver l’information.

La mémoire dépend de l’attention, et donc de :

  • fatigue,

  • émotions,

  • faim/soif,

  • stress.

L’apprentissage

Définition

Processus complexe lié à la mémoire, au raisonnement, aux émotions.

Les apprentissages modifient l’architecture cérébrale (plasticité).

Deux formes principales

  • Apprentissage explicite : volontaire, sous guidage (cours, exercices).

  • Apprentissage implicite : naturel, par immersion (culture, stage, pratiques).

Plasticité cérébrale

  • compensation,

  • nouvelles connexions,

  • apprentissages possibles à tout âge.

Raisonnement

Induction

Généraliser à partir de cas particuliers (bon sens, habitudes).

Déduction

Raisonnement logique : Si … alors … (syllogismes).

La logique n’est jamais garantie : le raisonnement dépend de la connaissance.

Émotions

  • Réactions neurophysiologiques : muscles, hormones, système nerveux autonome.

  • Six émotions de base (Ekman) :
    joie – peur – colère – tristesse – dégoût – surprise

  • Déclenchent un sentiment (interprétation cognitive de l’émotion).

Langage

Fonction complexe, liée à :

  • la représentation mentale,

  • la symbolisation,

  • la culture et le contexte social.

Communication

Définition

Processus d’échange, volontaire ou non, influençant autrui.

Évolution des modèles

Modèle télégraphique (Shannon, 1949)

Communication linéaire → transmettre un message identique.

Modèle cybernétique (Wiener)

Ajout du feedback (rétroaction) → communication ajustée.

Théorie des systèmes (École de Palo Alto)

Communication = interaction complexe entre facteurs :

  • cognitifs,

  • affectifs,

  • culturels,

  • sociaux.

Le Message

Dépend :

  • du canal (soumis aux « bruits »),

  • du langage verbal et non verbal.

Fonctions du message (Jakobson)

  • expressive (je),

  • conative (tu),

  • référentielle (il),

  • phatique,

  • métalinguistique,

  • poétique.

Obstacles à la communication (Anzieu)

Perte d’information à chaque étape : ce qui est dit ≠ entendu ≠ compris ≠ retenu.

Filtres

Valeurs, normes, culture, émotions, inconscients.