Cours - La communication en fonction contexte

La communication en soins : une interaction toujours dépendante du contexte

Toute communication ne prend véritablement sens qu’en fonction du contexte dans lequel elle s’inscrit. En situation de soins, la communication ne peut jamais être standardisée : elle doit sans cesse être adaptée à la situation, au cadre, à la culture et à la singularité de chaque patient.
L’infirmière doit donc être capable d’analyser ces différents éléments afin d’ajuster sa posture, ses mots, son attitude et sa manière d’entrer en relation.


1. La situation de soin (ou contexte situationnel)

Certaines situations de soins sont particulièrement chargées sur le plan émotionnel. Dans ces moments, le patient est souvent plus vulnérable, parfois submergé par ses émotions, ce qui modifie profondément sa capacité à recevoir, comprendre et intégrer les informations.

Parmi ces situations sensibles, on retrouve notamment :

  • la fin de vie,

  • le deuil d’un proche ou d’une situation sociale ou familiale,

  • le refus de soins,

  • l’annonce d’un diagnostic,

  • l’aggravation brutale de l’état de santé,

  • l’hospitalisation en urgence.

Dans ces contextes, la communication doit être :

  • progressive,

  • rassurante,

  • respectueuse du rythme du patient,

  • centrée sur l’écoute et la validation de ses émotions.

L’infirmière doit faire preuve d’empathie, de disponibilité psychique et de délicatesse, car une parole mal adaptée peut renforcer l’angoisse, l’incompréhension ou le sentiment d’abandon.


2. Le cadre de la communication (lieu et temps)

La qualité de la communication est fortement influencée par le lieu de l’échange et le temps disponible.

L’infirmière ne communiquera pas de la même manière :

  • dans un couloir,

  • dans une chambre à plusieurs lits,

  • dans une chambre individuelle,

  • au poste de soins,

  • dans un bureau fermé.

Le respect de l’intimité, de la confidentialité et du secret professionnel est essentiel. Certaines informations ne peuvent être transmises que dans un cadre calme, discret et sécurisant.

Le temps disponible joue également un rôle majeur : un échange rapide n’autorise pas le même niveau d’écoute, de reformulation et d’accompagnement qu’un entretien plus long. Le manque de temps peut limiter la profondeur de la relation, générer de la frustration chez le patient et du stress chez le soignant. L’infirmière doit alors trouver un équilibre entre contraintes organisationnelles et qualité relationnelle.


3. La culture

La culture influence fortement la manière de communiquer, autant chez le patient que chez le soignant. Elle imprègne :

  • la langue,

  • la façon d’exprimer les émotions,

  • les codes de politesse,

  • le rapport à l’autorité,

  • la vision de la maladie, du corps, de la souffrance et de la mort.

L’infirmière doit être attentive aux différences culturelles entre elle et le patient, sans jugement et avec ouverture. Par exemple :

  • le tutoiement n’a pas la même signification selon les cultures,

  • certaines émotions peuvent être exprimées librement dans une culture et réprimées dans une autre,

  • certaines croyances peuvent influencer l’adhésion aux soins.

La communication interculturelle nécessite donc :

  • de la tolérance,

  • de l’adaptation,

  • parfois l’aide d’un interprète,

  • et une remise en question de ses propres représentations.


4. La spécificité de chacun des interlocuteurs

Chaque personne engagée dans la relation de soins arrive avec :

  • une histoire personnelle,

  • un vécu,

  • une personnalité,

  • des valeurs,

  • des attentes,

  • des craintes,

  • des objectifs.

Ces éléments sont déterminants, car c’est à travers eux que chaque interlocuteur interprète les messages reçus. Le patient n’est jamais un simple « objet de soin » : il reste avant tout une personne singulière.


🔹 Le statut du patient dans la relation de soins

Même si la relation soignant-soigné repose sur des rôles sociaux bien définis (l’infirmière en tant que professionnelle, le patient en tant que soigné), cette relation ne doit jamais enfermer la personne dans un simple statut de malade.

L’infirmière doit donc rester vigilante à :

  • préserver la dignité,

  • reconnaître l’identité sociale du patient,

  • valoriser sa parole,

  • respecter son autonomie.


🔹 Les particularités physiques et sensorielles

Certains patients présentent des limitations pouvant altérer la communication verbale :

  • troubles de la phonation,

  • surdité ou baisse de l’audition,

  • cécité ou malvoyance,

  • troubles neurologiques,

  • troubles cognitifs.

Dans ces situations, l’infirmière devra adapter ses modes de communication, en utilisant par exemple :

  • la communication non verbale,

  • les gestes,

  • l’écriture,

  • les supports visuels,

  • le toucher relationnel (lorsqu’il est possible et accepté).


Conclusion

La communication en soins infirmiers n’est jamais un simple échange d’informations. Elle est une relation humaine complexe, profondément influencée par :

  • la situation de soin,

  • le cadre,

  • la culture,

  • et la singularité de chaque individu.

Pour être efficace, juste et éthique, la communication doit être ajustée, respectueuse, empathique et individualisée. Elle constitue l’un des fondements essentiels de la qualité de la relation soignant-soigné et du vécu du patient.