UE 3.4 Initiation à la démarche de recherche

Les étapes du recueil et de la collecte des données

La collecte des données constitue une étape fondamentale de la démarche de recherche. Elle permet de réunir des informations concrètes issues du terrain, en lien avec la question de recherche. Cette phase doit être soigneusement préparée et menée dans le respect des règles éthiques et méthodologiques.

Étape 1 : Préparation de l’outil de recueil

Avant de commencer à collecter des données, il est indispensable d’avoir mené une recension rigoureuse des écrits. Cette revue de la littérature permet de mieux cerner le phénomène étudié, de définir les concepts clés et d’orienter le choix de l’outil.

L’étudiant doit ensuite s’interroger sur les objectifs spécifiques de sa collecte :

  • Quelles informations cherche-t-il à obtenir ?
  • Quelle est la nature des données souhaitées (opinions, comportements, représentations, pratiques...) ?
  • Quelle méthode est la plus adaptée au contexte et à la population ciblée ?

Selon les réponses à ces questions, il choisira l’outil de recueil le plus pertinent : entretien, questionnaire ou observation.

Une fois l’outil choisi, il faut le concevoir de manière rigoureuse. Cela implique de définir la structure de l’outil (types de questions ou d’indicateurs), de le rédiger avec clarté et neutralité, puis de le tester auprès d’un petit groupe (pré-test). Ce test permet d’identifier les éventuelles ambiguïtés ou difficultés d’utilisation, et d’apporter les ajustements nécessaires avant la mise en œuvre sur le terrain.

Étape 2 : Prise de contact avec les participants

Une fois l’outil finalisé, l’étudiant doit identifier les personnes concernées par l’enquête. Il s’agit de sélectionner les participants pertinents en fonction de la problématique étudiée et de la population cible définie (soignants, patients, aidants, etc.).

Il est essentiel de respecter les démarches institutionnelles et hiérarchiques pour obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation de l’enquête sur le terrain. Cela comprend notamment :

  • Le respect des circuits de validation internes (responsables de stage, encadrants, cadres de santé…) ;
  • La demande d’accord pour interroger ou observer des personnes dans un établissement de santé ;
  • L’assurance du respect de la confidentialité, de l’anonymat et du consentement éclairé des participants.

La communication avec les participants doit être claire et éthique. Ils doivent comprendre les objectifs de la recherche, la nature de leur participation, leur droit de retrait, et la manière dont leurs données seront traitées.

Étape 3 : Recueil et collecte des données

Cette étape consiste à mettre en œuvre concrètement le dispositif de collecte, en respectant la méthode choisie et les conditions établies.

L’étudiant peut avoir recours à une seule méthode ou combiner plusieurs outils pour enrichir son analyse. La collecte peut se faire en une seule fois ou être répétée, selon les besoins.

Il est essentiel que cette phase soit conduite avec rigueur, discrétion et professionnalisme, afin de garantir la fiabilité des données recueillies et de préserver l’intégrité des participants.

 

Les outils de recueil de données : choix, intérêts et limites

Le choix de l’outil doit être cohérent avec la finalité de la recherche et les conditions de terrain. Chaque méthode présente des avantages et des contraintes qu’il est important d’anticiper.

L’entretien

L’entretien est un outil qualitatif puissant qui permet d’explorer en profondeur les représentations, les opinions, les valeurs ou encore les émotions des participants. Il peut être non directif (libre), semi-directif (guidé par un plan de questions ouvertes) ou directif (questions fermées prédéfinies).

Ce type de recueil favorise une relation de proximité avec les participants et permet d’accéder à des informations riches et nuancées. Toutefois, il nécessite une bonne préparation, une posture d’écoute active, et un temps conséquent pour la retranscription et l’analyse des propos recueillis.

Le questionnaire

Le questionnaire permet de collecter des données auprès d’un grand nombre de personnes, de manière rapide et standardisée. Il peut contenir différents types de questions : ouvertes (libre expression), fermées (choix de réponses) ou à échelles de mesure (par exemple : de "pas du tout d’accord" à "tout à fait d’accord").

Cette méthode est particulièrement adaptée pour repérer des tendances ou pour croiser des variables. Elle est souvent utilisée en ligne, facilitant sa diffusion. Cependant, le contact direct avec les participants est limité, et le taux de retour des questionnaires peut être aléatoire.

L’observation

L’observation permet de recueillir des données en observant directement des situations réelles, en contexte. Elle repose sur une grille structurée, composée de catégories, sous-catégories et indicateurs, qui orientent le regard du chercheur.

Elle est utile pour analyser les comportements, les pratiques professionnelles ou les interactions. L’un des atouts majeurs de cette méthode est sa proximité avec le terrain. En revanche, la présence de l’observateur peut influencer les comportements (effet Hawthorne), et il existe un risque d’interprétation subjective des faits observés. Elle exige également une disponibilité importante en termes de temps.

 

Conclusion

La phase de recueil des données est un moment central dans la démarche de recherche. Elle demande à la fois rigueur méthodologiquerespect éthique, et cohérence scientifique. Le choix de l’outil, la manière de l’appliquer, et le soin apporté à la collecte influencent directement la qualité des résultats obtenus et leur pertinence pour la pratique infirmière.

Un recueil bien mené permet non seulement de répondre à la question de recherche, mais aussi de valoriser la parole des acteurs de terrain, de mieux comprendre les réalités professionnelles, et d’ouvrir des pistes d’amélioration concrètes dans les soins.