Le mémoire de fin d’études : une initiation à la recherche en soins infirmiers

Le mémoire de fin d’études (MFE) est un exercice pédagogique qui s’inscrit dans la formation des futurs infirmiers comme une première initiation à la démarche de recherche. Il ne s’agit pas seulement d’un travail académique, mais d’un véritable outil de développement professionnel. À travers lui, l’étudiant apprend à adopter une posture de praticien réflexif, c’est-à-dire à analyser sa pratique avec esprit critique, à questionner ses expériences, et à améliorer la qualité des soins en s’appuyant sur des connaissances fondées scientifiquement.

Ce travail est directement lié à deux unités d’enseignement : UE 3.4 "Initiation à la démarche de recherche" (aux semestres 4 et 6) et UE 5.6 "Méthodes de travail et recherche" (au semestre 6). Il prend appui sur une situation professionnelle vécue en stage, qui devient le point de départ d’un questionnement structuré, d’une recherche documentaire approfondie, et d’une enquête exploratoire sur le terrain.

 

Les étapes de la construction du MFE

1. Départ d’une situation professionnelle

Le processus commence par une situation concrète rencontrée en stage, choisie parce qu’elle a suscité une interrogation ou une incompréhension. Il ne s’agit pas d’un simple événement, mais d’un phénomène professionnel significatif qui soulève des enjeux de soins, de communication, d’éthique ou d’organisation.

L’étudiant doit tout d’abord en faire une description claire et objective : il s’agit de reconstituer les faits, en précisant le contexte, les acteurs impliqués, et le moment ou l’élément déclencheur qui a suscité un questionnement.

À partir de cette situation, l’étudiant identifie plusieurs questions. Ces interrogations sont ensuite classées par thèmes afin de faire émerger une problématique principale.

2. Élaboration de la question de recherche

Une fois les thèmes identifiés, une première recherche documentaire permet de mieux comprendre les enjeux liés à la situation. Cette phase est appelée problématisation : elle vise à éclairer le phénomène observé à partir de savoirs théoriques.

La formulation de la question de recherche est une étape centrale. Elle doit respecter plusieurs critères :

• Être claire et compréhensible ;
• Être réaliste en fonction des moyens, du temps et des ressources disponibles ;
• Être pertinente par rapport au contexte professionnel infirmier ;
• Posséder une dimension éthique (respect des personnes, confidentialité, consentement…) ;
• Comporter un potentiel innovant pour les pratiques de soins.

3. Réalisation d’une recherche documentaire scientifique

La recherche documentaire scientifique, aussi appelée recension des écrits, consiste à dresser un état des lieux des connaissances existantes autour du thème étudié. Elle se distingue de la recherche documentaire initiale par sa méthodologie rigoureuse.

Elle comprend plusieurs étapes :

• Identifier les mots-clés et concepts principaux de la question de recherche ;
• Interroger des bases de données fiables (PubMed, Cairn, ScienceDirect, BDSP, etc.) via la bibliothèque universitaire ou d'autres outils spécialisés ;
• Sélectionner les sources les plus pertinentes et les plus récentes, tout en évaluant leur qualité scientifique ;
• Analyser de manière critique les documents retenus (nature de l’étude, objectifs, résultats, limites) ;
• Rédiger une synthèse argumentée, qui met en évidence les savoirs actuels, les points de consensus et les zones d’ombre encore à explorer.

Il est impératif de justifier toutes les affirmations à l’aide de références précises et de respecter les règles de citation bibliographique.

4. Conduite d’une enquête exploratoire

Une fois les connaissances théoriques acquises, l’étudiant part sur le terrain pour recueillir des données empiriques. Cette enquête vise à approfondir la compréhension du phénomène étudié à partir de témoignages, d’observations ou d’autres formes de données qualitatives.

L’enquête passe par plusieurs étapes :

• Choix de l’outil de recueil de données, en fonction de l’objectif : entretien, questionnaire, grille d’observation…
• Définition de la population cible, c’est-à-dire les personnes à interroger ou observer (professionnels, patients, aidants, etc.) ;
• Recrutement des participants, dans le respect de l’éthique, avec recueil de leur consentement éclairé ;
• Construction de l’outil d’enquête, en élaborant des questions pertinentes, non biaisées, ouvertes ou fermées selon le format choisi ;
• Collecte des données, sur le terrain ou à distance, de manière rigoureuse, en respectant l’anonymat et la confidentialité.

5. Analyse des résultats et rédaction de la discussion

Les données recueillies sont ensuite analysées méthodiquement. Si l’outil utilisé est un questionnaire fermé, une analyse quantitative simple peut être réalisée (comptage, pourcentages…). Si l’outil est qualitatif (entretiens, observations), les réponses doivent être classées, regroupées par thèmes et interprétées.

L’étape suivante consiste à mettre en relation ces résultats de terrain avec les savoirs identifiés dans la recherche documentaire. C’est la phase de discussion : elle permet de confronter la réalité perçue par les participants à la littérature scientifique.

La discussion doit être structurée, avec :

• Une présentation claire des résultats de l’enquête ;
• Une interprétation argumentée, en dialogue avec les auteurs étudiés ;
• Une mise en perspective critique des constats, avec identification des limites, des biais et des interrogations qui subsistent.

Enfin, une conclusion vient clore le travail :

• Elle propose une synthèse des apports de la recherche ;
• Elle ouvre sur des perspectives possibles : recommandations professionnelles, pistes pour de futurs travaux de recherche, réflexions éthiques ou organisationnelles.

 

Finalité du MFE

Le mémoire de fin d’études n’est pas une fin en soi, mais un exercice formatif qui permet à l’étudiant de se construire comme professionnel autonome, critique et engagé. Il renforce sa capacité à prendre du recul sur ses pratiques, à mobiliser les savoirs scientifiques et à s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue de la qualité des soins.