L’exploration constitue la deuxième grande phase d’un travail de recherche en soins infirmiers. Elle se divise en deux volets complémentaires :

1. Le cadre théorique, qui rassemble les connaissances existantes autour du sujet.

2. L’enquête sur le terrain, qui permet de confronter ces connaissances à la réalité professionnelle.

Ces deux volets dialoguent constamment : ce que l’on découvre dans les lectures nourrit l’enquête, et les données recueillies affinent à leur tour la compréhension théorique du phénomène étudié.

Le cadre théorique : comprendre, structurer et éclairer le sujet

Le cadre théorique regroupe toutes les notions, connaissances et éléments de contexte utiles pour situer la problématique.
Il sert à dépasser les idées reçues, analyser la situation à partir de normes professionnelles, d’aspects réglementaires et de données scientifiques, et comprendre comment le sujet s’inscrit dans l’évolution des pratiques infirmières.

➤ Définir les mots-clés et orienter les recherches

À partir de la question de départ, on dégage des mots-clés, notions essentielles et axes d’analyse.
Ces éléments guident la recherche documentaire et permettent de répondre progressivement aux questionnements issus de la situation d’appel.

➤ Diversifier les sources

Un cadre théorique solide s’appuie sur des lectures variées :

• ouvrages spécialisés,

• articles scientifiques,

• textes juridiques et recommandations,

• rapports institutionnels,

• revues professionnelles.

Ces lectures permettent de saisir l’évolution de la pratique, les enjeux actuels, les données épidémiologiques, ainsi que les courants de pensée liés au sujet.

➤ Définir les concepts

Les notions importantes doivent être expliquées à partir de dictionnaires spécialisés, références scientifiques, ou travaux universitaires reconnus.
L’objectif est de clarifier les concepts afin qu’ils soutiennent la réflexion sans ambiguïté.

➤ Identifier des experts et témoins privilégiés

Certaines informations proviennent d’auteurs ou professionnels disposant d’une expertise dans le domaine.
Leur regard critique enrichit la compréhension théorique.

➤ Sélectionner les documents avec rigueur

La fiabilité des sources repose sur :

• le caractère scientifique des publications,

• la qualité éditoriale,

• la crédibilité des auteurs,

• la validité et l’actualisation des données.

On évite les sources peu fiables, non validées ou trop vulgarisées.

➤ Organiser et trier les informations

Les lectures doivent être résumées, classées par thèmes ou notions, et analysées.
Il s’agit de dégager ce qui est :

• essentiel,

• pertinent pour le sujet,

• original ou contradictoire,

• inutile ou répétitif.

Cette organisation prépare le cadre contextuel qui donnera son sens à tout le travail.

➤ Construire un fil conducteur

Le cadre théorique doit former un ensemble cohérent.
Il explique les choix de concepts, les liens entre les idées et montre en quoi ces éléments éclairent la question de départ.
Il sert d’appui solide pour la suite du travail et structure toute la démarche.

L’enquête sur le terrain : confronter la théorie à la pratique

L’enquête complète les lectures en donnant accès à des points de vue professionnels, à des expériences vécues et à des éléments concrets de la réalité du soin.
Elle permet d’enrichir, de nuancer ou de questionner les pistes théoriques.

➤ Pourquoi aller sur le terrain ?

Les entretiens et observations apportent :

• des informations auxquelles on n’aurait pas pensé,

• une compréhension plus fine du phénomène,

• une confrontation entre ce qui est prescrit et ce qui est vécu,

• un éclairage sur la pertinence ou les limites du cadre théorique.

➤ L'importance de l’entretien exploratoire

Des entretiens préliminaires sont indispensables pour s’immerger dans le sujet.
Ils sont réalisés auprès :

• de professionnels directement concernés,

• de spécialistes,

• de témoins expérimentés.

Ces premiers échanges aident à ajuster certains axes du travail et affinent les futurs outils de recueil.

L’outil de recherche : structurer la collecte des données

Pour recueillir les données, différents outils existent : observation, questionnaire ou entretien.
Dans le cadre du TFE, c’est l’entretien qui est privilégié, car il permet d’accéder au vécu, aux représentations et à l’analyse des professionnels.

L’entretien : un outil central du travail de recherche

L’entretien est un échange qui permet de recueillir des informations riches et nuancées.
Il repose sur une interaction verbale guidée par un thème précis relié à l’objet de recherche.

➤ Les trois types d’entretien

1. Directif : questions précises, proche du questionnaire oral.

2. Non directif : l’interviewé s’exprime librement, le chercheur relance sans orienter.

3. Semi-directif : méthode la plus adaptée au TFE, car elle équilibre structure et liberté d’expression.

➤ Le modèle semi-directif : le plus utilisé

Il repose sur :

• un guide d’entretien composé de 6 à 8 questions ouvertes,

• une posture d’écoute active,

• des relances sans influence,

• une durée d’environ 30 à 45 minutes.

Ce type d’entretien permet d’explorer les pratiques, les valeurs, les interprétations et les expériences des personnes interrogées.

➤ Les objectifs

L’entretien semi-directif vise à :

• analyser le sens que les professionnels donnent à leurs actions,

• identifier les éléments significatifs d’une situation,

• comprendre les enjeux, contraintes, représentations et logiques sous-jacentes.

➤ Les limites

• La grande souplesse peut déstabiliser le chercheur débutant.

• Le risque de s’éloigner du sujet existe si la vigilance n’est pas maintenue.

• Le contexte relationnel influence toujours les propos recueillis.

Définir le terrain et la population interrogée

Le terrain doit correspondre au domaine présenté dans la question de départ.
Le chercheur doit expliquer :

• comment il a sélectionné la structure,

• comment il a pris contact,

• où les entretiens auront lieu,

• pourquoi il a choisi certaines catégories de professionnels.

Les critères d’inclusion et d’exclusion sont nécessaires pour justifier le choix des participants.
Les personnes interrogées doivent avoir un lien direct avec la problématique et disposer d’une expérience pertinente.

Les entretiens doivent être enregistrés et leur déroulement décrit dans le travail final.

Synthèse : une étape essentielle avant l’analyse

L’exploration permet :

• d’acquérir les connaissances nécessaires,

• d’enrichir la compréhension du sujet,

• de préparer l’analyse future,

• et de donner du sens à la question de départ.

C’est un temps d’allers-retours entre lectures et terrain, indispensable pour construire un travail de recherche rigoureux et cohérent.