Cours - Les tumeurs urologiques
L’HYPERTROPHIE BÉNIGNE DE LA PROSTATE (HBP)
Définition
L’hypertrophie bénigne de la prostate correspond à une augmentation du volume de la prostate, responsable de troubles urinaires obstructifs et irritatifs.
Signes cliniques
Signes irritatifs :
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Pollakiurie
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Mictions impérieuses
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Nycturie
Signes obstructifs :
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Dysurie
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Jet faible
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Sensation de vidange incomplète
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Rétention urinaire
Possibilité de douleurs ou de pesanteurs pelviennes
Bilan initial
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Score IPSS : évalue la gêne mictionnelle
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PSA : antigène spécifique de la prostate
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Échographie : recherche de complications (résidu post-mictionnel, retentissement rénal)
Autres examens
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Toucher rectal
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Palpation abdominale
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Créatinine sanguine
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Débitmétrie
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Bandelette urinaire
Objectifs du traitement
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Améliorer le confort mictionnel
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Prévenir les complications
Indications thérapeutiques
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Absence de gêne → surveillance
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Symptômes sans complication → traitement médicamenteux
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Échec du traitement ou formes compliquées → chirurgie
Traitements médicamenteux
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Extraits de plantes
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Alpha-bloquants : diminuent le tonus musculaire
→ EI : vertiges, hypotension, troubles de l’éjaculation -
Inhibiteurs de la 5-alpha-réductase
→ diminuent le volume prostatique
→ EI : baisse de libido
Indications de la chirurgie
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Échec du traitement médical
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Rétention urinaire
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Résidu chronique > 100 mL
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Dilatation des voies urinaires
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Lithiases
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Hématurie
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Infections urinaires répétées
Techniques chirurgicales
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Résection transurétrale de prostate (RTUP) électrique ou laser
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Adénomectomie par voie haute
Complications post-opératoires
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Hémorragie (jusqu’à la transfusion)
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Infection urinaire
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Sténose
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Incontinence (rare)
Conséquences sexuelles
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Troubles de l’éjaculation
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Baisse possible de la libido
LE CANCER DE LA VESSIE
Type histologique principal
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Carcinome urothélial : 90 % des cas
Facteurs de risque
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Tabac (40–50 %)
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Expositions professionnelles :
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Colorants
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Agriculture
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Métallurgie
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Pétrochimie
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Caoutchouc
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Signes cliniques
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Hématurie (macro ou micro)
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Troubles mictionnels
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Douleurs si extension loco-régionale
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Douleurs osseuses, toux si métastases
Examens
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Échographie urinaire
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Cystoscopie
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RTUV (diagnostique + thérapeutique)
Classification
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Tumeur non invasive
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Tumeur invasive (atteinte du détrusor = risque métastatique)
Facteurs pronostiques
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Stade
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Grade
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Taille
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Multifocalité
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Carcinome in situ associé
Traitements des formes non invasives
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RTUV
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Instillations vésicales :
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BCG
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Mitomycine C
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Surveillance strictement régulière
Traitement des formes invasives
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Cystectomie totale
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Dérivation urinaire
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Chimiothérapie si métastases
Complications post-opératoires
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Hémorragie
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Infection
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Perforation
LE CANCER DU REIN
Facteurs de risque
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Obésité
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HTA
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Tabac
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Maladies génétiques
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Hémodialyse prolongée
Signes urologiques
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Hématurie
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Douleur lombaire
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Masse lombaire
Signes généraux
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Altération de l’état général
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HTA
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Syndrome paranéoplasique
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Embolie pulmonaire
Examens
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Échographie
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Scanner
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IRM si petite tumeur
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Bilan d’extension : thoracique, abdominal, osseux, cérébral si nécessaire
Voies de dissémination
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Lymphatique
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Hématogène : poumon, foie, os, cerveau
Traitement
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Tumorectomie (chirurgie conservatrice)
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Néphrectomie totale si tumeur volumineuse
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En cas de métastases :
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Immunothérapie
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Thérapies ciblées
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Parfois chirurgie secondaire
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LE CANCER DES TESTICULES
Particularités
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Cancer rare (< 2 %)
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Cancer du jeune adulte
Facteur de risque principal
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Cryptorchidie (testicule non descendu)
Signes cliniques
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Nodule dur indolore
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Orchite résistante aux antibiotiques
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Gynécomastie
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Lombalgies
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Métastases révélatrices
Examens complémentaires
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Échographie testiculaire
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Marqueurs tumoraux :
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AFP
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Bêta-HCG
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LDH
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Types de tumeurs
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Séminomes purs
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Tumeurs non séminomateuses :
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Tératome
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Choriocarcinome
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Carcinome embryonnaire
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Traitement principal
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Orchidectomie élargie
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Conservation préalable du sperme au CECOS
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Radiothérapie / chimiothérapie selon le stade
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Surveillance
Bilan d’extension
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Scanner thoraco-abdomino-pelvien
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Échographie hépatique
Conséquences des traitements
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Infertilité transitoire (50 %)
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Toxicité de la chimiothérapie
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Anéjaculation possible après curage ganglionnaire
CANCER DE LA PROSTATE
Définition
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Tumeur maligne développée aux dépens des cellules glandulaires de la prostate.
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Cancer masculin le plus fréquent (souvent après 65 ans).
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Évolution souvent lente, parfois longtemps asymptomatique.
Facteurs de risque
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Âge : risque augmente après 50 ans
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Antécédents familiaux de cancer de la prostate
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Origine ethnique (certaines populations plus à risque)
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Facteurs environnementaux possibles : alimentation riche en graisses animales, sédentarité…
Signes cliniques (souvent tardifs)
Souvent asymptomatique au début, découvert sur PSA élevé.
Quand symptômes :
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Troubles urinaires (similaires à l’HBP) :
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Pollakiurie
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Dysurie, jet faible
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Nycturie
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Sensation de vidange incomplète
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Hématurie possible
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Douleurs pelviennes, périnéales
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En cas de métastases osseuses : douleurs osseuses, fractures pathologiques.
Examens
A. Dépistage / orientation
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PSA sanguin (Antigène Spécifique de la Prostate)
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Toucher rectal : prostate dure, irrégulière, parfois nodulaire
B. Confirmation diagnostique
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Biopsies prostatiques (guidées par échographie transrectale)
→ Analyse anatomopathologique
→ Donne le score de Gleason (agressivité tumorale)
C. Bilan d’extension
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IRM prostatique
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Scanner, scintigraphie osseuse si suspicion métastatique
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Bilan biologique complet
Classification (simplifiée)
Score de Gleason
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Évalue le degré de différenciation des cellules tumorales.
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Score de 6 à 10 (plus le score est élevé, plus la tumeur est agressive).
Classification TNM (idée générale)
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T : extension locale (dans la prostate / au-delà)
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N : atteinte ganglionnaire
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M : métastases à distance (surtout osseuses)
Principes thérapeutiques (en fonction du stade, de l’âge, du terrain)
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Surveillance active / surveillance simple
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Pour tumeurs peu agressives, peu symptomatiques, chez sujet âgé ou fragile.
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Traitements locaux curatifs
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Prostatectomie totale (chirurgie)
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Radiothérapie externe
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Curithérapie (implants radioactifs dans la prostate, dans certaines indications)
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Traitements systémiques
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Hormonothérapie (androgénodéprivation) :
→ Bloque l’action de la testostérone sur la tumeur. -
Chimiothérapie en cas de forme métastatique résistante à l’hormonothérapie.
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Effets secondaires possibles
Après chirurgie / radiothérapie
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Incontinence urinaire
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Troubles de l’érection
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Troubles éjaculatoires
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Douleurs pelviennes
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Troubles digestifs (surtout après radiothérapie)
Sous hormonothérapie
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Bouffées de chaleur
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Prise de poids
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Fatigue
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Baisse de libido et dysfonction érectile
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Ostéoporose à long terme
Rôle infirmier
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Information et accompagnement du patient et de sa famille
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Surveillance :
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Signes urinaires
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Douleurs (notamment osseuses)
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Effets secondaires des traitements
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Suivi de la prise médicamenteuse
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Prévention des complications (thromboemboliques, osseuses, psychologiques)
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Participation à l’annonce, à l’écoute, au soutien psycho-affectif
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Éducation à la rééducation périnéale après prostatectomie (en lien avec le kiné)
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Coordination avec les autres professionnels (urologue, oncologue, psychologue, kiné…)