Cours - La psychologie analytique
L’appareil psychique selon Freud
En psychanalyse, les comportements et la pensée — qu’ils soient normaux ou pathologiques — obéissent à des lois universelles. Pour les décrire, Freud propose le modèle de « l’appareil psychique », équivalent à ce qu’on appellerait aujourd’hui le fonctionnement mental. Il en propose deux grandes « topiques », c’est-à-dire deux façons de cartographier la vie psychique.
La première topique : conscient, préconscient, inconscient
Dans ce premier modèle, utilisé jusqu’en 1920, Freud décrit trois systèmes.
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Le conscient désigne la partie de l’appareil psychique qui reçoit les informations extérieures mais aussi les sensations internes (plaisir, déplaisir), les souvenirs et les pensées. C’est le siège des opérations mentales telles que la réflexion et la symbolisation.
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L’inconscient contient les représentations refoulées, c’est-à-dire rendues inaccessibles au conscient par la censure. Selon Freud, seul le travail psychanalytique permettrait d’y accéder.
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Le préconscient regroupe des contenus qui ne sont pas immédiatement présents à la conscience, mais restent accessibles, comme les rêves, certains souvenirs, les lapsus ou les actes manqués.
Notions fondamentales de la première topique
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Le refoulement est le mécanisme de défense principal. Il consiste à maintenir hors de la conscience les éléments jugés dangereux ou inacceptables pour l’équilibre psychique.
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La censure empêche les contenus refoulés de revenir tels quels à la conscience. Elle oblige le psychisme à produire des compromis entre désir et interdits.
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Le conflit psychique survient lorsque des exigences internes contradictoires s’opposent. Ce conflit peut être conscient (entre désir et morale) ou inconscient. Il est normal et participe à la construction de l’identité.
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Les indices de l’inconscient apparaissent notamment dans les rêves, les lapsus et les actes manqués, à condition d’être interprétés.
La deuxième topique : Ça, Moi, Surmoi
À partir de 1920, Freud élabore un nouveau modèle, composé d’instances psychiques.
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Le Ça est totalement inconscient. C’est le réservoir des pulsions, régies par le principe de plaisir.
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Le Moi se forme à partir du Ça grâce au contact avec la réalité. Il tente d’équilibrer les exigences pulsionnelles du Ça et les interdits du Surmoi. Il utilise les mécanismes de défense et représente la partie visible de la personnalité.
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Le Surmoi intègre les interdits moraux et les exigences sociales. Il fonctionne comme un guide interne, comportant des impératifs (« tu dois ») et des interdictions (« tu ne dois pas »). Il est associé à l’idéal du Moi, modèle que l’individu cherche à atteindre.
Principes du fonctionnement mental
Le psychisme cherche constamment à maintenir son équilibre interne : c’est l’homéostasie psychique, assurée par deux grands principes.
Le principe de plaisir
Les pulsions produisent une excitation interne que l’individu cherche à réduire en trouvant un objet permettant sa satisfaction.
Le principe de réalité
Ce principe régule le principe de plaisir. Il permet d’atteindre la satisfaction, mais en tenant compte des contraintes de la réalité.
Deux processus de fonctionnement
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Le processus primaire, caractéristique du principe de plaisir, ne connaît aucune limite : tout y est possible (comme dans le rêve).
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Le processus secondaire, propre au fonctionnement conscient et à la pensée logique, repose sur des liens stables entre représentations.
Pulsions, affects et représentations
Le psychisme fonctionne grâce à la circulation d’énergie psychique, représentée par les pulsions. Le rôle du Moi est d’équilibrer ces forces.
Définition de la pulsion
Une pulsion est une poussée interne dirigée vers un but. Elle se caractérise par :
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une source (l’excitation corporelle),
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une poussée (son intensité),
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un objet (le moyen d’atteindre la satisfaction),
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un but (la décharge de tension).
Freud distingue d’abord les pulsions sexuelles, puis les pulsions de vie et de mort, en conflit permanent.
Modes d’expression
Chaque pulsion s’exprime par :
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un affect, tonalité émotionnelle positive ou négative ;
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une représentation, issue de traces mnésiques d’expériences antérieures.
Les mécanismes de défense
Lorsque les pulsions menacent l’équilibre psychique, le Moi déclenche un signal d’angoisse. Les mécanismes de défense se mettent alors en place pour protéger le sujet. Leur utilisation est normale, mais peut devenir pathologique lorsqu’elle est rigide ou excessive.
Voici les principaux mécanismes :
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Le refoulement : repousser des représentations hors de la conscience.
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L’identification : se construire psychiquement en adoptant des traits d’autrui (courant à l’adolescence).
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La projection : attribuer à autrui ses propres pensées ou désirs inacceptables.
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La dénégation : reconnaître une pensée tout en la niant partiellement.
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Le déni de la réalité : refuser une perception externe ; mécanisme majeur des psychoses.
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Les formations réactionnelles : substituer un comportement opposé à une pulsion inacceptable (ex. : phobies, symptômes psychosomatiques).
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La sublimation : transformer des pulsions en activités socialement valorisées (art, humour…).
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L’isolation : détacher une pensée de son contexte affectif.
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L’annulation rétroactive : tenter de faire comme si un acte n’avait pas eu lieu (fréquent dans les TOC).
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Le renversement dans son contraire : transformer une pulsion en son opposé (amour/haine).
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Le retournement contre soi : diriger une pulsion agressive vers sa propre personne.
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Le déplacement : transférer une émotion ou un intérêt vers un objet moins menaçant (phobies, rêves).