Les professionnels infirmiers se retrouvent de plus en plus exposés à des violences — verbales, physiques, sexistes, voire sexuelles — dans l’exercice de leur métier. Il est essentiel de mettre en lumière ces chiffres, mais aussi les dispositifs de soutien et de signalement afin d’agir et d’éviter l’isolement.
Quelques chiffres clés
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Une consultation de Ordre national des infirmiers (ONI) auprès de 31 281 infirmiers révèle que 66 % ont déjà été victimes de violence dans l’exercice de leur métier et 73 % en ont été témoins.
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Pour 40 % d’entre eux, cela s’est produit « plusieurs fois par an ».
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Pour 15 %, « toutes les semaines ou presque ».
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Concernant la nature des violences :
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75 % des victimes ou témoins évoquent des insultes.
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45 % des menaces physiques.
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37 % des coups.
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16 % des menaces de mort.
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Dans 4,85 % des cas, un agresseur a utilisé une arme.
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Violences sexistes et sexuelles : selon l’ONI, 49 % des infirmières et infirmiers déclarent avoir déjà été victimes de VSS (violences sexistes et sexuelles) ; parmi eux : 39 % ont subi des réflexions inappropriées ou dégradantes du fait de leur genre, 21 % des outrages sexistes, 4 % des agressions sexuelles, 0,13 % des viols.
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Chaque jour en France, environ 65 professionnels de santé – parmi lesquels les infirmiers – sont victimes d’agressions (verbales ou physiques) dans le cadre de leur travail.
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Par ailleurs, les causes souvent retenues incluent : des reproches liés à la prise en charge (48 %), des troubles cognitifs chez l’auteur (42 %), un temps d’attente jugé trop long (28 %) ou l’état d’ébriété ou usage de stupéfiants (23 %).
Moyens d’action et dispositifs de soutien pour les infirmiers
1. Le signalement à l’Ordre
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L’Ordre national des infirmiers met à disposition des fiches dédiées à la prévention et au signalement des violences.
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Tout professionnel infirmier ou exerçant en soins peut accéder à son espace membre pour déclarer une agression ou solliciter un accompagnement via l’Ordre.
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Informer sa hiérarchie ou le responsable de la qualité/sécurité des soins dès qu’un incident survient.
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Mobiliser les instances internes : comité de santé, CSE, cellule harcèlement ou de prévention des risques.
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Utiliser les procédures internes (ex : main courante, fiche événement indésirable) pour formaliser l’événement.
3. Recours externes
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Déposer plainte auprès des forces de l’ordre si l’agression le justifie (ex : menaces de mort, coups, arme).
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Saisir l’inspection du travail, la médecine du travail ou les autorités compétentes si la violence émane de l’institution ou des conditions de travail.
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Solliciter un soutien psychologique ou une prise en charge via les dispositifs de santé au travail : ces violences provoquent stress, burn‑out, absentéisme.
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Entretien régulier de la sécurité dans les services (boutons d’alerte, présence d’agents de sécurité, circuits visiteurs).
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Formation des équipes : gestion des conflits, communication avec les patients et proches, repérage des situations à risque (toxique, état d’ébriété…).
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Valorisation et reconnaissance de la fonction infirmière, meilleure organisation du travail (car les causes structurelles comme surcharge ou attente longue sont corrélées aux agressions).
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Encouragez une culture de signalement et d’écoute : beaucoup ne signalent pas car « cela ne sert à rien ». (ex : dans certaines études seules 2 % des victimes de VSS avaient porté plainte)
Ce que vous pouvez faire dès maintenant (en tant qu’étudiant(e) infirmier/ière)
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Prenez conscience que vous aussi, vous pouvez être exposé(e) : l’entrée dans le métier ne protège pas des violences.
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En stage : repérez les services/services à risque (urgences, psychiatrie, soins à domicile seul(e)).
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Notez tout événement ou comportement anormal (insulte, coup, menaces). Cela permet de garder une trace.
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En cas d’agression ou d’attitude menaçante : alertez votre tuteur de stage, le cadre infirmier, la direction des soins.
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Ne restez pas seul(e) : échangez avec vos collègues, vos formateurs, et utilisez les ressources de l’Ordre ou de votre établissement.
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Préparez‑vous : savoir comment réagir (dé‑escalade, appel à sécurité, déclenchement alerte) peut faire la différence.
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