L'histoire des pratiques soignantes

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Antiquité

À cette époque, la maladie est perçue comme un phénomène surnaturel, souvent associé à la colère des dieux ou à des forces mystiques. Les soins sont principalement réalisés par des prêtres ou des figures spirituelles. Le rôle soignant tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existe pas encore de manière formalisée.

 

Moyen Âge

Les malades, perçus comme des personnes "impures" ou contagieuses, sont isolés dans des lieux appelés enfermeries.
Le terme « infirmier » émerge alors, dérivé de « enfermerie », désignant ceux qui s’occupent des personnes confinées pour cause de maladie.
Les soins sont principalement assurés par des ordres religieux, notamment les moines et les religieuses, dans un contexte de charité chrétienne.

 

Renaissance

Avec l’évolution de la pensée humaniste, apparaissent les premiers établissements qui accueillent différentes populations ayant besoin de soins (pauvres, vieillards, orphelins, blessés).
Les laïcs commencent à intégrer les fonctions de soins, souvent comme servants ou aides-soignants, notamment auprès des blessés de guerre.
Sous l’impulsion de Saint Vincent de Paul, les religieuses jouent un rôle croissant dans le soin mais aussi dans l’enseignement et la transmission du savoir infirmier.

 

Révolution française (fin XVIIIe siècle)

L’hôpital devient un établissement laïc, principalement destiné à l’hébergement des indigents.
Les religieuses et le personnel laïc coexistent, mais souvent dans un climat de rivalité, en raison des différences de statut, de formation et de vision du soin.
Le personnel infirmier est souvent issu des classes populaires, avec peu ou pas de formation. L’acte de soigner est encore considéré comme bénévole, souvent assimilé à une mission morale ou religieuse.

 

Début du XIXe siècle

Le médecin s’impose comme le chef de l’organisation hospitalière.
Il prend le contrôle sur le personnel religieux et s’entoure d’aides, parmi lesquelles émergeront les infirmiers comme auxiliaires directs de son action.
La médecine commence à se structurer sur des bases scientifiques.

 

Milieu du XIXe siècle

Les travaux de Louis Pasteur sur l’hygiène et l’asepsie révolutionnent la pratique médicale et infirmière.
La notion de propreté et de prévention des infections devient centrale.
Les médecins recherchent des aides efficaces, souvent des femmes solides, mères de famille, dotées d’un sens pratique du soin, mais encore peu formées théoriquement.

 

Première Guerre mondiale (1914-1918)

Le rôle des infirmières est valorisé : elles sont mobilisées massivement pour soigner les blessés au front et à l’arrière.
Elles deviennent des actrices incontournables du soin, servant à la fois le malade et le corps médical.
L’image de l’infirmière courageuse et dévouée commence à se construire dans l’imaginaire collectif.

 

Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Face à la complexité croissante des soins et à la pénurie de médecins, les infirmières voient leurs responsabilités s’élargir.
Elles réalisent des actes plus techniques et spécialisés.
Les religieuses, longtemps prédominantes dans les hôpitaux, laissent progressivement leur place à des soignantes laïques, souvent mieux formées.

 

Années 1960-1970

L’année 1968 marque un tournant : les infirmières commencent à s’émanciper, leur rôle professionnel et leur statut social évoluent.
Elles revendiquent une reconnaissance de leurs compétences spécifiques et un accès à la formation plus structuré.
La profession s’éloigne progressivement de la seule obéissance médicale pour affirmer sa propre identité soignante.

 

Années 1980

Les premiers guides du service infirmier apparaissent, apportant une structuration des pratiques et une démarche de qualité des soins.
L’approche du care (prendre soin) évolue, avec une meilleure prise en compte de la relation soignant-soigné, des besoins psychologiques, sociaux et humains du patient.
C’est aussi le début des plans d’amélioration continue de la pratique infirmière.

 

Années 1990

La profession infirmière connaît une croissance démographique importante, liée aux besoins croissants de santé publique.
La réforme hospitalière introduit les Agences Régionales de l’Hospitalisation (ARH), les démarches qualité, et une rationalisation des moyens, qui entraîneront par la suite des tensions, comme les pénuries d’IDE et de médecins observées dans les années 2000.

 

Depuis 2004

Les textes encadrant la profession sont désormais régis par le Code de la Santé Publique.
Des coopérations interprofessionnelles émergent, ouvrant la voie à de nouvelles pratiques, notamment dans les soins de premier recours, l’éducation thérapeutique, la prévention, etc.

 

2006 – Création de l’Ordre national des infirmiers

L’Ordre national des infirmiers (ONI) est instauré pour garantir l’éthique, la déontologie, et la qualité de l’exercice professionnel.
Il offre un cadre de régulation et de représentation pour l’ensemble de la profession.

 

Depuis 2009 – Universitarisation de la formation

La réforme du référentiel de formation infirmière intègre la profession dans le système universitaire européen (LMD : Licence - Master - Doctorat).
Les infirmiers diplômés d’État (IDE) obtiennent désormais à la fois le diplôme d’État et le grade Licence, valorisant ainsi leurs compétences scientifiques, cliniques et relationnelles.

 

Depuis 2018 – Développement de la pratique avancée

Une formation universitaire est créée pour permettre aux IDE justifiant de 3 ans d’expérience à temps plein de devenir Infirmiers de Pratique Avancée (IPA) ou infirmiers spécialistes experts.
Ces professionnels, diplômés au niveau Master, sont formés à la prise de décision complexe et à des compétences cliniques avancées.
Deux années de formation sont proposées :

  • 1re année : tronc commun pour tous.

  • 2e année : spécialisation dans l’une des mentions suivantes :

    • Pathologies chroniques stabilisées, soins primaires, prévention.

    • Oncologie et hémato-oncologie.

    • Maladies rénales chroniques, dialyse et transplantation.

    • Psychiatrie et santé mentale.

    • Urgences.