Éthique et soins

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Différencier morale et éthique

1. La morale

  • La morale constitue un ensemble de règles, de normes et de valeurs qui définissent ce qui est considéré comme bien ou mal, acceptable ou inacceptable, dans une société donnée.

  • Elle sert de guide de conduite pour les individus et les communautés et permet d’assurer la cohésion sociale.

  • Elle peut prendre plusieurs formes :

    • Morale de principes : basée sur des règles universelles (ex. interdiction de tuer).

    • Morale de situation : adaptée en fonction des circonstances concrètes.

    • Morale de responsabilité : qui met en avant les conséquences des actes.

2. L’éthique

  • L’éthique est une démarche réflexive qui ne se limite pas à des règles préétablies : elle consiste à penser, discuter, argumenter et délibérer sur des situations complexes, souvent marquées par des dilemmes.

  • Elle est à la fois :

    • un savoir théorique (issu de la philosophie, du droit, de la médecine),

    • une compétence pratique (savoir analyser et décider),

    • un point de vue critique sur des situations controversées (ex. euthanasie, statut de l’embryon, PMA, fin de vie).

  • L’éthique ne dit pas seulement ce qu’il faut faire, mais elle questionne aussi les buts, finalités et valeurs de l’action.

👉 En résumé : la morale impose des règles générales, alors que l’éthique analyse les situations particulières et cherche à guider l’action dans un contexte incertain.

 

La naissance de l’éthique médicale contemporaine

  • L’éthique médicale moderne prend racine après la Seconde Guerre mondiale, avec le Code de Nuremberg (août 1947).

    • Ce code est une réponse aux crimes contre l’humanité commis par les nazis.

    • Il énonce 10 principes fondamentaux encadrant la recherche médicale, dont le consentement libre et éclairé des sujets.

  • Depuis, l’éthique médicale s’est élargie à de nombreux domaines :

    • procréation et reproduction assistée,

    • expérimentations biomédicales,

    • vieillissement et fin de vie (euthanasie, soins palliatifs),

    • greffes et dons d’organes,

    • manipulations génétiques et thérapies géniques,

    • neurosciences et interventions sur la personnalité,

    • protection du vivant et de l’environnement.

En France, le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) joue un rôle central :

  • Il éclaire les débats publics sur les progrès scientifiques,

  • soulève les enjeux de société liés à la médecine et aux biotechnologies,

  • propose des recommandations pour guider les politiques et les pratiques.

 

Les caractéristiques des problèmes éthiques en médecine

Les enjeux éthiques concernent principalement :

  • La maîtrise de l’homme sur lui-même : clonage, manipulation du génome, procréation médicalement assistée.

  • Le statut de la vie humaine : début de la vie (embryon, IVG), fin de vie (euthanasie, suicide assisté).

  • Les droits et devoirs dans la relation soignant-soigné :

    • information et consentement du patient,

    • respect du secret médical,

    • accompagnement en fin de vie,

    • arbitrage entre les risques et bénéfices d’un traitement.

Ces situations posent souvent des conflits de valeurs : liberté individuelle vs protection collective, progrès technologique vs respect de la nature humaine, intérêt médical vs respect de la dignité.

 

Les principes éthiques fondamentaux

Deux grandes approches structurent la réflexion :

  • Téléologique (ou conséquentialiste) : une action est morale si elle tend vers la réalisation du bien et si ses conséquences sont positives.

  • Déontologique : une action est morale si elle respecte des principes ou des devoirs universels, indépendamment des conséquences.

Quatre principes majeurs, identifiés par Beauchamp et Childress (1979), constituent aujourd’hui des repères incontournables en bioéthique :

  1. Bienfaisance : agir pour le bien du patient, dans son intérêt propre.

  2. Autonomie : respecter la liberté de choix et le consentement de la personne.

  3. Non-malfaisance : ne pas nuire, éviter de causer un préjudice intentionnel.

  4. Justice : garantir une égalité d’accès aux soins et une répartition équitable des ressources médicales.

Ces principes sont des outils pour analyser les dilemmes éthiques et prendre des décisions justes en médecine.

 

Les grands courants de pensée éthique

  1. L’éthique de la liberté

    • Défend la possibilité pour chacun de choisir sa vie et sa mort.

    • Elle soutient par exemple le droit à mourir dans la dignité (suicide assisté, euthanasie).

    • Elle repose sur le partage du pouvoir de décision entre les médecins, les patients et la société.

  2. L’éthique traditionnelle

    • Fondée sur le principe du respect sacré de la vie.

    • La vie humaine est considérée comme inviolable et doit être protégée à tout prix, quelles que soient les circonstances.

  3. L’éthique clinique (ou narrative)

    • Centrée sur le patient et sa situation singulière.

    • Prend en compte son histoire, ses valeurs, sa culture, sa famille, ses volontés.

    • Elle met le patient au cœur du processus décisionnel, et pas seulement les règles ou les intérêts collectifs.

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